Le chemin
Dans cette ruelle sombre de New York se dégageait un épais nuage de fumée. Tout était gris et douteux, une odeur nauséabonde se dégageait, sans doute l’aération d’un restaurant suspect. Les klaxons tintaient au loin comme d’un air entendu.
L’homme au chapeau se tenait droit, sa canne lui servait d’appui mais également de protection. Nul ne s’aventurait dans cette partie de la ville sans être armé.
Soudain, un bruit retentit et le mit en alerte. Un instant après, un chat sortit d’une poubelle métallique l’air de rien.
Une semaine plus tôt, quand il avait reçu cette invitation, son cœur s’était emballé et il avait eu l’impression que tout autour de lui s’arrêtait net ; le bruit de la voisine du deuxième étage jouant inlassablement de son instrument de musique, les enfants du premier qui, chaque jour, courent, sautent et se chamaillent. Jamais il n’aurait pensé qu’une souffrance issue du passé puisse réapparaître dans sa vie tranquille et bien ordonnée, comme par magie.
Or, ce rendez-vous tant attendu tardait et cette idée l’agaça, alors qu’une semaine auparavant, son existence même était encore insoupçonnée.
À cet instant précis, ce qui comptait le plus était cette rencontre qui devait changer sa vie. Il l’espérait et se promit d’être à la hauteur.
Son unique souvenir était ces cris, suivis d’une porte qui claque, puis plus rien, trente ans à attendre et comprendre pourquoi, comment, l’origine et les raisons.
Enfin une ombre se dessina sur le sol poussiéreux. Comme un halo de lumière, il apparut.
Son fils, à l’origine de ses plus beaux espoirs et de ses plus douloureuses angoisses. Il marchait droit et l’air fier. Il semblait serein et malgré tout tendu.
À ce moment, une décision s’imposa à lui : rester et pardonner. Ces années d’absence et de regrets devaient servir pour repartir. Un bonjour, un regard, une poignée de main et il se mit à parler à expliquer. L’homme le regardait ému, plein de tendresse et enfin apaisé.
Véro