Extraits

Le chemin d’une demoiselle

Avec exactitude, elle apparut au coin de la caserne pour se rendre à son travail. En fait, elle empruntait un raccourci qui coupait une partie de la base militaire.

Mais ce jour-là, incident de parcours : une compagnie d’infanterie bivouaquait au milieu de véhicules et d’hélicoptères pour un départ de « grandes manœuvres ». Elle était prête à faire demi-tour quand retentit un coup de gueule « Rassemblement en colonne par deux ! Exécution ! »

Rassurée par cet ordre, elle attendit. Les sections s’alignèrent et sans concertation lui firent une sorte de haie d’honneur. L’invitation pour un passage en revue était très claire et quand les soldats se mirent au garde-à-vous, elle s’engagea fièrement.

Elle était très belle et nous ne la croisions que trop peu souvent et de fort loin à notre gré.

Mais là, elle marchait devant nous, la tête haute, nous frôlant presque.

Elle essayait d’éviter nos regards admiratifs, mais le plus étonnant ce fut le silence qui régnait.

Rien, aucun bruit, aucun murmure, rien qu’un silence pesant.
Elle était très pâle, mais réussit à franchir cet obstacle avec panache.

Les rotors des hélicoptères rompirent le charme. La compagnie avait perdu une bataille devant cette Verdunoise que nous n’avons plus jamais revue.

Classe 64/ 2 C
J.P.L.